“Suggérer, c’est créer. Décrire, c’est détruire.”, Robert Doisneau

Photographe humaniste du XXème, Robert Doisneau est un artiste emblématique du XXème siècle. Devenu célèbre notamment pour Le baiser de l’hôtel de ville en 1950, il réalise près de 450 000 photographies. L’ensemble de son œuvre est rempli de légèreté, d’humanisme, parfois d’humour et d’ironie.

Robert Doisneau et son œuvre en quelques mots

Né en 1912 à Gentilly, Robert Doisneau a une formation de lithographe. Cependant très vite il s’oriente dans la photographe et enchaîne des petits travaux. Par exemple il réalise des publicités pour Renaut dans les années 1930 avant de se faire licencier. Robert Doisneau est d’abord engagé pour l’agence de photographie Ropho, puis il travaille pour de nombreux magasines tels que Life, Paris Match, Vogue… Doisneau et son œuvre est récompensée par plusieurs prix prestigieux ; le Prix Kodak en 1947, le Prix Niepce en 1956, le Grand Prix National de la Photographie en 1983, est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1984… Il fait également le portrait de plusieurs grands artistes de son époque : Picasso, Picasso, Giacometti, Léger…

A travers toutes ses expériences, Robert Doisneau développe un réel œil pour les scènes de rue. Il photographie la plupart de ses sujets dans le mouvement, sans qu’ils ne s’en rendent compte. La particularité de son travail est qu’il est patient et attend l’anecdote. Robert Doisneau parvient à raconter des histoires à travers des scènes de la vie quotidienne. Photographe humaniste, il s’inscrit dans ce courant qui porte un intérêt pour l’être humain dans sa vie quotidienne. Ce mouvement apparaît dans les années 1930 à Paris et connaît son apogée dans les années 1960. Doisneau a photographié des personnes toutes très différentes. Des enfants, des concierges, aux gitans, des concierges, des mondains, en passant par les mariages et les sans-abris, il dresse un beau et fidèle portrait de la France des années 1950.

Robert Doisneau meurt en 1994 en laissant derrière lui près de 450 000 photographies. Pour lui rendre hommage, un centre d’exposition de photographie est nommé en son nom à Gentilly, sa ville natale.

Le baiser de l’Hôtel de ville, 1950

Sûrement l’une des photographies les plus célèbres, Le baiser de l’hôtel de ville représente un couple qui s’embrasse au milieu de la foule en 1950. Retour sur cette photo qui a fait le tour du monde…

Tout d’abord, il s’agit d’une commande de la revue Life pour un reportage sur l’amour à Paris. Sur le cliché, les deux sujets sont parfaitement nets, tandis que l’arrière-plan est flou. Ce choix de focal permet de se concentrer sur l’action. Elle peut aussi être interprétée comme une perception différente du moment. En effet, le temps est pour suspendu pour le couple alors que la foule reste dans le mouvement et la précipitation. Robert Doisneau semble se positionner comme spectateur face à la scène, La position du photographe par rapport à ses sujets ainsi que l’épaule en premier plan fait penser à un reportage. L’émotion véhiculée par cette image, notamment grâce aux yeux fermés des sujets, laissent supposer que la photo a été prise sur le vif. En réalité, le cliché a deux registres ; d’un côté celui du reportage car il s’agit d’une scène de vie quotidienne. De l’autre, celui de la fiction car l’action est mise en scène. Contrairement à ce qu’on pourrait supposer en observant cette photographie, Robert Doisneau a orienté ses modèles pour les photographier. La foule quant-à-elle est réellement en mouvement. Ensuite le regard de la femme en arrière-plan est très ambigu. En effet elle regarde l’objectif, ce qui permet de mettre en lumière l’existence du photographe. L’artiste n’est donc plus seulement spectateur mais fait partie intégrante de la photo

.

La mise en scène de cette photo a été confirmée par Robert Doisneau : « Je n’aurais jamais osé photographier des gens comme ça. Des amoureux qui se bécotent dans la rue, ce sont rarement des couples légitimes… ».

La célébrité de cette photo est donc due à la fois à son esthétisme, ainsi qu’à son double registre.

Le baiser de l'hôtel de ville

Pour en savoir plus…

Du 4 décembre 2018 au 28 avril 2019 se tient l’exposition à la Philharmonie de Paris « Doisneau et la musique ». A cours de sa vie, Doisneau a immortalisé de nombreuses scènes de la vie quotidienne. Ainsi, il est très inspiré par les bals populaires, les fanfares, les cabarets… Il côtoie également de nombreuses vedettes de jazz et de variété de son époque.

Cependant si vous n’avez pas l’occasion de vous y rendre, vous pouvez toujours regarder les deux films réalisés en son hommage : Le Paris de Robert Doinseau de François Porcile en 1973, ainsi que Bonjour Monsieur Doisneau de Sabine Azéma en 1992. Enfin, le site Atelier Robert Doisneau répertorie des portfolios de ses photographies par catégories : https://www.robert-doisneau.com/fr/portfolios/ .

L’immense succès des photos de Robert Doisneau pourrait être résumé ainsi ; il parvient à capter des moments ordinaires pour les rendre extraordinaires.

1. Tabliers de la rue de Rivoli

2. La fuite des mariés